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Vous avez peut-être déjà entendu parler du Street Workout, ce sport
de rue qui fait de plus en plus d'adeptes partout dans le monde. Plus
qu'une simple activité physique, c'est tout un mode de vie qui entoure
cette discipline : entre alimentation équilibrée, sommeil contrôlé et
entraînements réguliers, les pratiquants de ce sport fortifient aussi
bien leur mental que leur physique. Malgré cette ascèse qui ne vaut que
pour les plus assidus, le Street Workout reste très accessible et ouvert
à tous, ce qui lui vaut une popularité grandissante ces dernières
années. Si bien que que l'on peut se demander si cette discipline encore
méconnue pour la plupart ne serait pas en voie d'institutionnalisation.
Qu'est-ce que le Street Workout ?
Si le Street Workout n'a pas un objectif esthétique comme dans le
bodybuilding, la discipline permet néanmoins un certain développement
musculaire du fait des exigences qu'elle impose au corps. La pratique se
situe à mi-chemin entre la musculation et la gymnastique suédoise et
consiste principalement en un enchaînement soutenu de figures de force,
de résistance, de souplesse et d'équilibre. A la différence de la
musculation « traditionnelle », le pratiquant de Street Workout
n'utilise pas d'haltères ou autres pièces de fonte. Seul le corps fait
office de poids. Ainsi, des exercices simples comme les pompes, les
tractions ou les dips sont des mouvements typiques d'un
entraînement de Street Workout. Ce sont ces exercices qui permettent
d'acquérir des figures un peu plus complexes telles que l'homme-drapeau,
la planche ou le muscle-up, qu'il est de bon ton de présenter
en compétition. Il existe plus d'une centaine de figures mais libre à
chacun d'inventer les siennes, la seule limite étant d'ordre physique.
Correctement réalisé, l'enchaînement de ces figures est des plus
spectaculaires.
D'où vient ce sport ?
Mais ce n'est que depuis peu que le Street Workout possède ses
propres compétitions. Et ce n'est pas tant grâce aux nouveaux
pratiquants qu'aux nouveaux spectateurs que le sport est devenu
populaire. Car des pratiquants, il y en a vraisemblablement depuis
longtemps. L'une des hypothèses avancées quant à l'origine de ce sport
est qu'il serait né en prison. Dans les milieux carcéraux, il n'y a en
effet guère de divertissement et le matériel pour le sport est bien
souvent insuffisant. Nombreux prisonniers s'entraînent alors simplement
avec le poids de leur corps. L'ex-détenu Paul Wade a d'ailleurs publié
sa propre méthode de musculation au poids du corps à sa sortie de
prison. Mais de manière moins hypothétique, la discipline semble avoir
émergée des États-Unis et des pays d'Europe de l'Est pour des raisons
qui, quant à elles, restent floues. L'on peut toutefois supposer que la
gratuité du sport et son lien avec la gymnastique et la musculation ont
joué en sa faveur, les anciens pays de l'Union soviétique et les
banlieues états-uniennes n'étant pas très riches tout en étant amateurs
de ce genre de discipline.
Pourquoi un tel engouement ?
Si le gymnaste Hakan Hasin est le premier à avoir créé une équipe
de Street Workout en 1993, il ne fait pas vraiment partie de ceux qui
ont participé à populariser la discipline à l'échelle internationale. En
vérité, il n'y a pas une personne en particulier qui peut se targuer
d'avoir internationalisé ce sport de rue. On peut toutefois citer le
youtubeur Hannibal For King comme élément catalyseur. En 2008,
ce new-yorkais au look décontracté et aux formes sculpturales rencontre
un vif succès en publiant sur sa chaîne des vidéos de lui réalisant
quelques figures de force : plus de dix millions de vues à ce jour. De
nombreux spectateurs deviennent alors de nouveaux pratiquants et de
nouvelles chaînes de Street Workout émergent, entraînant avec elles de
nouvelles figures et de nouvelles équipes. Ces chaînes sont très vite
complétées par la création de page Facebook et sites internet
spécialisés. L'effet boule de neige est certain.
Cela n'explique pas pour autant ce qui pousse certains spectateurs
à devenir acteurs. La réponse tient en fait dans la définition même de
ce sport. La musculation de rue ne nécessite en effet aucun matériel.
L’autre raison de sa popularité, c’est donc son accessibilité. Dès lors
qu’on dispose d’une barre de traction, rien ne manque pour s’exercer
correctement. Là où un abonnement en salle coûte plusieurs centaines
d’euros à l’année, le Street Workout ne coûte rien. Ce qui explique son
succès dans les quartiers populaires notamment. Il n’y a ainsi pas de
lieux d’entraînement prédéfinis. Du parcours de santé à l’aire de jeux
pour enfants en passant par les bancs, les poteaux, les panneaux, les
murs et autres « accessoires » du décor urbain… Tout peut servir à faire
une figure. Les infrastructures dédiées à ce sport sont encore rares,
et c’est bien là un problème car le « décor urbain » n'est pas conçu
pour le Street Workout. Le risque qu'un « accessoire » se casse ou qu'un
pratiquant se blesse est réel.
De la nécessité de l'institutionnalisation
De ce fait, l'institutionnalisation
du Street Workout ne répond pas qu'à un simple désir de reconnaissance,
mais bien à un besoin. Car institutionnaliser ce sport, cela signifie
prendre en considération les pratiquants à travers la création d'une
fédération, de clubs et de terrains dédiés. En réalité ce processus est
déjà en marche.
La création d'équipes de Street
Workout est un premier pas vers l'institutionnalisation. Des Bar
Brothers aux États-Unis à la Punishment Team originaire de Paris, les
équipes fonctionnent souvent comme des clubs. Des entraînements
réguliers, un esprit d'entraide et de coopération, le goût du sport...
La seule différence vient que pour intégrer certaines équipes, des
pré-requis physiques sont exigés. Car la plupart des équipes
s'entraînent en vue de la compétition. Mais autrement, ces mêmes équipes
peuvent organiser régulièrement des journées d'initiation, qui sont
alors ouvertes à tous.
En 2011, la création de la fédération internationale de Street Workout (http://www.wswcf.org/ )
souligne une volonté d'institutionnalisation explicite. Le siège se
situe à Riga et la capitale lettone se voit doublement mise à l'honneur
en accueillant la même année la première compétition internationale de
Street Workout. Certains pays organisent en parallèle leur propre
championnat. En France, la quatrième édition du King of Pull and Push
s'est ainsi déroulé cet été à Grigny. Chaque année, les spectateurs et
les participants de ces championnats sont de plus en plus nombreux. L'on
voit donc bien que le Street Workout est en passe de devenir un sport
reconnu, institutionnalisé.
Enfin, l'institutionnalisation doit
passer par la création de terrains de Street Workout. Car cela est
nécessaire pour permettre à cette communauté de sportifs de rue d'avoir
un véritable lieu de rendez-vous, d'entraînement. Inaugurer un terrain
de Street Workout dans une ville ou même un village, c'est donner
l'opportunité aux habitants de faire du sport gratuitement, de
s'intégrer dans une nouvelle communauté, et de créer à terme un
véritable club de musculation de rue. L'institutionnalisation n'aurait
donc pas seulement des conséquences intrinsèques, mais bien aussi
extrinsèques en touchant le domaine du social, du communautaire. Les
sites et chaînes youtube de Street Workout mettent souvent en avant le
fait que tout le monde peut s'essayer à cette discipline : enfants,
personnes âgées, personnes handicapées... La seule limite, après celle
du corps, est celle de la volonté.
source : http://www.lejournalinternational.fr/
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