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jeudi 19 mars 2015

Street Workout : le futur sport de vos enfants ?



Crédits DR


Vous avez peut-être déjà entendu parler du Street Workout, ce sport de rue qui fait de plus en plus d'adeptes partout dans le monde. Plus qu'une simple activité physique, c'est tout un mode de vie qui entoure cette discipline : entre alimentation équilibrée, sommeil contrôlé et entraînements réguliers, les pratiquants de ce sport fortifient aussi bien leur mental que leur physique. Malgré cette ascèse qui ne vaut que pour les plus assidus, le Street Workout reste très accessible et ouvert à tous, ce qui lui vaut une popularité grandissante ces dernières années. Si bien que que l'on peut se demander si cette discipline encore méconnue pour la plupart ne serait pas en voie d'institutionnalisation.


Qu'est-ce que le Street Workout ?

Si le Street Workout n'a pas un objectif esthétique comme dans le bodybuilding, la discipline permet néanmoins un certain développement musculaire du fait des exigences qu'elle impose au corps. La pratique se situe à mi-chemin entre la musculation et la gymnastique suédoise et consiste principalement en un enchaînement soutenu de figures de force, de résistance, de souplesse et d'équilibre. A la différence de la musculation « traditionnelle », le pratiquant de Street Workout n'utilise pas d'haltères ou autres pièces de fonte. Seul le corps fait office de poids. Ainsi, des exercices simples comme les pompes, les tractions ou les dips sont des mouvements typiques d'un entraînement de Street Workout. Ce sont ces exercices qui permettent d'acquérir des figures un peu plus complexes telles que l'homme-drapeau, la planche ou le muscle-up, qu'il est de bon ton de présenter en compétition. Il existe plus d'une centaine de figures mais libre à chacun d'inventer les siennes, la seule limite étant d'ordre physique. Correctement réalisé, l'enchaînement de ces figures est des plus spectaculaires. 

D'où vient ce sport ?

Mais ce n'est que depuis peu que le Street Workout possède ses propres compétitions. Et ce n'est pas tant grâce aux nouveaux pratiquants qu'aux nouveaux spectateurs que le sport est devenu populaire. Car des pratiquants, il y en a vraisemblablement depuis longtemps. L'une des hypothèses avancées quant à l'origine de ce sport est qu'il serait né en prison. Dans les milieux carcéraux, il n'y a en effet guère de divertissement et le matériel pour le sport est bien souvent insuffisant. Nombreux prisonniers s'entraînent alors simplement avec le poids de leur corps. L'ex-détenu Paul Wade a d'ailleurs publié sa propre méthode de musculation au poids du corps à sa sortie de prison. Mais de manière moins hypothétique, la discipline semble avoir émergée des États-Unis et des pays d'Europe de l'Est pour des raisons qui, quant à elles, restent floues. L'on peut toutefois supposer que la gratuité du sport et son lien avec la gymnastique et la musculation ont joué en sa faveur, les anciens pays de l'Union soviétique et les banlieues états-uniennes n'étant pas très riches tout en étant amateurs de ce genre de discipline. 

Pourquoi un tel engouement ?

Le youtube Hannibal For King, un modèle pour beaucoup. Crédits DR
Le youtube Hannibal For King, un modèle pour beaucoup. Crédits DR
Si le gymnaste Hakan Hasin est le premier à avoir créé une équipe de Street Workout en 1993, il ne fait pas vraiment partie de ceux qui ont participé à populariser la discipline à l'échelle internationale. En vérité, il n'y a pas une personne en particulier qui peut se targuer d'avoir internationalisé ce sport de rue. On peut toutefois citer le youtubeur Hannibal For King comme élément catalyseur. En 2008, ce new-yorkais au look décontracté et aux formes sculpturales rencontre un vif succès en publiant sur sa chaîne des vidéos de lui réalisant quelques figures de force : plus de dix millions de vues à ce jour.  De nombreux spectateurs deviennent alors de nouveaux pratiquants et de nouvelles chaînes de Street Workout émergent, entraînant avec elles de nouvelles figures et de nouvelles équipes. Ces chaînes sont très vite complétées par la création de page Facebook et sites internet spécialisés. L'effet boule de neige est certain.

Cela n'explique pas pour autant ce qui pousse certains spectateurs à devenir acteurs. La réponse tient en fait dans la définition même de ce sport. La musculation de rue ne nécessite en effet aucun matériel. L’autre raison de sa popularité, c’est donc son accessibilité. Dès lors qu’on dispose d’une barre de traction, rien ne manque pour s’exercer correctement. Là où un abonnement en salle coûte plusieurs centaines d’euros à l’année, le Street Workout ne coûte rien. Ce qui explique son succès dans les quartiers populaires notamment. Il n’y a ainsi pas de lieux d’entraînement prédéfinis. Du parcours de santé à l’aire de jeux pour enfants en passant par les bancs, les poteaux, les panneaux, les murs et autres « accessoires » du décor urbain… Tout peut servir à faire une figure. Les infrastructures dédiées à ce sport sont encore rares, et c’est bien là un problème car le « décor urbain » n'est pas conçu pour le Street Workout. Le risque qu'un « accessoire » se casse ou qu'un pratiquant se blesse est réel.  

De la nécessité de l'institutionnalisation

De ce fait, l'institutionnalisation du Street Workout ne répond pas qu'à un simple désir de reconnaissance, mais bien à un besoin. Car institutionnaliser ce sport, cela signifie prendre en considération les pratiquants à travers la création d'une fédération, de clubs et de terrains dédiés. En réalité ce processus est déjà en marche. 

La création d'équipes de Street Workout est un premier pas vers l'institutionnalisation. Des Bar Brothers aux États-Unis à la Punishment Team originaire de Paris, les équipes fonctionnent souvent comme des clubs. Des entraînements réguliers, un esprit d'entraide et de coopération, le goût du sport... La seule différence vient que pour intégrer certaines équipes, des pré-requis physiques sont exigés. Car la plupart des équipes s'entraînent en vue de la compétition. Mais autrement, ces mêmes équipes peuvent organiser régulièrement des journées d'initiation, qui sont alors ouvertes à tous.

En 2011, la création de la fédération internationale de Street Workout (http://www.wswcf.org/ ) souligne une volonté d'institutionnalisation explicite. Le siège se situe à Riga et la capitale lettone se voit doublement mise à l'honneur en accueillant la même année la première compétition internationale de Street Workout. Certains pays organisent en parallèle leur propre championnat. En France, la quatrième édition du King of Pull and Push s'est ainsi déroulé cet été à Grigny. Chaque année, les spectateurs et les participants de ces championnats sont de plus en plus nombreux. L'on voit donc bien que le Street Workout est en passe de devenir un sport reconnu, institutionnalisé. 

Exemple de terrain de Street Workout. Crédits DR.
Exemple de terrain de Street Workout. Crédits DR.
Enfin, l'institutionnalisation doit passer par la création de terrains de Street Workout. Car cela est nécessaire pour permettre à cette communauté de sportifs de rue d'avoir un véritable lieu de rendez-vous, d'entraînement. Inaugurer un terrain de Street Workout dans une ville ou même un village, c'est donner l'opportunité aux habitants de faire du sport gratuitement, de s'intégrer dans une nouvelle communauté, et de créer à terme un véritable club de musculation de rue. L'institutionnalisation n'aurait donc pas seulement des conséquences intrinsèques, mais bien aussi extrinsèques en touchant le domaine du social, du communautaire. Les sites et chaînes youtube de Street Workout mettent souvent en avant le fait que tout le monde peut s'essayer à cette discipline : enfants, personnes âgées, personnes handicapées... La seule limite, après celle du corps, est celle de la volonté. 

source : http://www.lejournalinternational.fr/

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